Début 90, le monde de la sportive, c’est un championnat du Japon à ciel ouvert. Les ZX-7R, YZF750SP et autres RC45 trustent les podiums, les ingénieurs japonais sortent des fiches Excel plus affûtées que des scalpels, et tout le monde jure par les quatre-cylindres 750.
Chez Ducati, c’est une autre ambiance. Le twin 888 gronde en Superbike et fait des miracles grâce à des pilotes comme Doug Polen ou Raymond Roche, mais sur la route, les ventes restent confidentielles. Le grand public ne connaît pas la marque autrement que pour son bruit ou son rouge. Et dans les bureaux, personne n’est serein : Ducati appartient à Cagiva, une boîte italienne un peu mégalo dirigée par les frères Castiglioni. Leur rêve ? Faire de Cagiva le Ferrari de la moto. Leur réalité ? Des comptes dans le rouge et des projets GP500 qui bouffent tout le budget.
C’est à ce moment-là qu’entre en scène Massimo Tamburini, installé au Cagiva Research Center de San Marino. L’homme est un savant fou du design moto. Il ne parle pas PowerPoint, il parle lignes et proportions. Son idée, c’est de créer une sportive qui ne soit pas juste efficace, mais belle au point d’en devenir une œuvre d’art. Quand il sort ses croquis de la future 916, les cadres du groupe hésitent entre la sidération et le fou rire. Trop compacte, trop osée, trop sensuelle.
Mais c’est justement cette audace qui va sauver Ducati.













